Roee Suffrin.
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Le moins que l'on puisse dire de l'œuvre de Roee Suffrin est qu'elle est empreinte de tensions Tension entre tradition et modernité. La tradition nous transmet des valeurs, elle pérennise la foi en un monde meilleur. Plus que tout autre, l'arbre de la religion juive plonge profondément ses racines, il nous nourrit de la lumière de la parole. Il nous apporte la paix, la force, la conviction et l'assurance qu'on ne part pas de rien. C'est cette paix que nous apporte l'œuvre de Suffrin. Cependant, la modernité fait irruption dans nos vies, brutale, impérieuse, totalitaire comme s'il fallait qu'elle s'impose partout de la même manière, que ce soit au bureau ou au supermarché. La voilà tantôt futile et vaine, tantôt violente et destructrice. L'artiste la traduit en une énorme mascarade de couleurs éclatantes et de demi-teintes, qui suggèrent autant de sons qui émaneraient de la toile, autant de paroles étouffées. Tension entre identité et relation. Roee Suffrin nous incite à être, comme le dit le proverbe africain, à la fois arbre et pirogue, marqués par nos identités respectives -ce n'est pas rien en l'occurrence d'être Juif- et nos relations multiformes entre êtres humains, cultures et civilisations. L'équilibre est précaire, on le sent bien, et tout peut vaciller à tout moment. C'est cette espèce de précarité doublée de sérénité que parvient à bien rendre l'artiste.
Voilà une œuvre bipolaire, tour à tour lumineuse et sombre, apaisée et violente, érotique et mortelle.Elle sait faire usage de toute la palette des couleurs, comme un long clavier qui irait du grave le plus grondant à l'aigu, inaudible à l'oreille humaine. Le trait en est sûr, la teinte jamais choisie au hasard, le décor aussi travaillé que le sont les personnages. Les tableaux de Roee Suffrin ne sont pas faits de gros plans, ce sont des fragments de vie, transfigurés parfois par le rêve, qui leur donne précisément leur pouvoir évocateur et allégorique. Avec lui, le sommet n'est jamais très éloigné du gouffre. Tout peut se briser à tout moment. Mais à tout moment, la vie est belle. |
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