Bienvenue sur mon site officiel. Je suis très heureux d'annoncer la parution de mon roman "L'adret et l'ubac" aux Editions du Palio. Présentation le mardi 14 janvier 2025, 20h, Café de la Mairie, Place Saint Sulpice, Paris. Voir la rubrique Livres de ce site. Avis d'un premier lecteur.
« Ecrire estompa le chagrin, brisa l’isolement, conjura les morsures … Ainsi, écrire et vivre formeraient un seul projet, les rencontres lanceraient les émotions, les recherches, les idées, les voyages, les souvenirs » Il est des livres qui parlent d’ombre et de lumière et d’écho. Avec L’adret et l’ubac voici que le romancier Rémi Huppert arpente le chemin de la mémoire, propre à chacun, précieuse clé sur le mystère qui nous enceint. En convoquant l’ami d’enfance Raoul Hauterive, adulte chaviré, le narrateur Rodolphe Harz, remonte les arcanes des souvenirs à partager. On ne sait si l’auteur RH se cache derrière les deux amis d’enfance, le jeu de l’écriture camouflant mal le panonceau du je, mais avec RH ce je s’il est autre sait revenir à lui sans jamais nuire à l’ensemble, à l’architecture du livre, pour qu’il tienne droit, haut et fort face au boomerang de la vie. Un précédent livre «Lettre à Moïse », contait la généalogie familiale, la remontait comme on peut le faire d’un grand fleuve, à contre-courant, ici le Mississipi serait indiqué, tant la musique New-Orleans, tient la corde dans la tête et sous les doigts de l’auteur. Ici, il s’agit bien d’écriture et d’une reconquête de soi pour que ce qui a été escamoté, estompé, enfoui ou oublié, effacé, puisse retrouver place dans une vie. Le roman, d’un style à la fois sobre, lumineux et dense, brassant les époques, sautant les continents, installe balance et atmosphère, s’auréole de ce qui a été et continue à tinter, à pulser. Balance, par un va et vient qui va de l’un à l’autre des deux protagonistes à l’amitié née tout gosses, ou l’un d’entre eux s’approprie la voix du narrateur, Rodolphe en l’occurrence, et par les lieux cadencés qui de Villiers, la cité banlieusarde, l’écrin de l’enfance, aux quatre coins du monde, décrit la trajectoire d’une existence flirtant avec l’errance et la quête. Atmosphère, parce que cela vous a de la gueule de restituer en un style juste et précis enrobé des vapeurs de la réminiscence ce qui laisse à la lecture une impression suspendue comme autant de gouttelettes déposées sur la page au matin. Le roman de RH est traversé de fulgurances « Né en marge, je suis resté et je resterai en marge. Oui, en marge, dans ce silence propre à méditer, ce silence qui offre le meilleur angle pour se consoler de ce qui ne fut point, le meilleur angle pour observer son prochain, le sentir, l’aider. » Ecrire relèverait d’une consolation et d’une observation, tout le sens du roman. N’y voyons aucun dolorisme ou flagellation, la consolation ici est celle qui apporte par le biais d’un travail d’observation et de la mémoire, des notes jetées, du répertoire des années, de l’almanach des sentiments, des saisons vives aux saisons mortes, l’incomparable visée qui réouvre à l’artiste la porte de l’existence. Naître ce serait accéder à la conscience même de ce que cela recouvre, des tenants et des aboutissants et c’est, d’une certaine manière ce à quoi le romancier s’attache à mettre en mots, s’ouvrir à lui-même, de sorte que la carapace forgée par les non-dits, les faux-fuyants, la douleur, les fuites mais aussi les retrouvailles et le menu quotidien qui cimentent toute vie, puisse être dégrafée et déposée. Constat banal, certes. Mais ce qu’il faut de lucidité et de travail à la table pour s’élucider soi-même et faire d’une vie, de ses haillons, de ses apories mais aussi de ses habits de soirée lumineuse et étoilée, la chair et le sang d’un livre. L’ écrivain penché sur sa vie se malmène lui-même. L’intime de soi est dévorant. Tout est affaire de tonalité, de gamme, de notes… le clavier de l’écriture réassemble un être. La dispersion qui a été d’un coup prend sens, elle cesse d’être incompréhensible, elle cesse d’être l’ombre de l’ubac pour retrouver des éclairs de lumière, celle de l’adret. Ce titre, si finement annonciateur de ce que le livre dévoile, est le chemin et la ligne de crête sur lequel l’auteur se tient. Faisant fi de tout ce que cela peut avoir de vain, en apparence, il met à nu, fait émerger des parts de lui-même et si l’enfance peut sembler à chacun un bloc séparé comme on dirait d’un tiré à part, les plongées et contre-plongées que le livre propose dans l’histoire des hommes, dans les années difficiles et douloureuses qui marquèrent la vie du narrateur, touché dans ses affections les plus intimes, il prend le parti apaisé de naviguer dans la mémoire (La mémoire ? Un prisme. … j’ai retrouvé le plaisir d’exister), celle des hommes et des événements, ici et là-bas, les states ( JFK, Martin Luhter King…)et l’Extrême-Orient ( ce qui fut en son temps l’Indochine : Laos, Cambodge, Vietnam), parce qu’elle seule est à même de rendre compte, de relater et révéler les strates de la complexité d’une âme dans la résolution d’une vie. C’est à cela que s’emploie L’adret et l’ubac. Raconter entre ombre et lumière avec tout de même ce fond d’obstination pour que lumière ne s’éteigne pas. … « Je crevai les apparences et osai dire le vrai ». C’est donc par l’écriture qu’adviendrait la vérité… par bribes car « Ecrire, cette cachotterie obstinée, préserve le mystère….. A la fin, j’ai brisé mes murs ». De cet enfermement dans lequel on se tient en dépit de soi, RH fait la matière de son livre de sorte que les murs tombent enfin, cette muraille de soi, muraille de Chine oserai-je sans vouloir ternir les magnifiques passages relatant la vie quotidienne dans le pays de Xiu, l’absente désormais mais si présente dans les mots de RH. Parce que le livre est de ce point de vue-là d’une clarté de chevet, de celle qui se fait à se remémorer ceux qui ne sont plus et ceux qui restent comme Faïza. Clarté aussi pour ce qu’il nous laisse pressentir facétieux « Grosso modo, Elohim empruntait trois voies, la Mivta, la parole, la Miktav, l’écriture, la Mahshav, la pensée. Trois temps pour desceller l’âme et enlever les nœuds qui la lient…. Je tranchai le nœud gordien. » et qui est de l’ordre d’une appartenance découverte, d’une kabbale dénichée derrière le secret de famille, la lignée occultée, de ce qui n’a pas su être dit, en temps et heure, par incapacité à dire. A ne pas désigner par les mots, on se heurte à soi, on se retire de soi. C’est un peu cela qui innerve les dits de RH, ses romans qui l’un après l’autre s’attachent à déceler et desceller le mystère d’une vie qui s’adresse au lecteur. En cela, il nous tend un miroir et nous interroge à la manière de Diderot : D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Cette rubrique présente l'ensemble de mes livres, articles et réflexions. Elle contient également les vidéos de plusieurs conférences liées à mes livres. Chers lecteurs, je poursuis ardemment le travail d'écriture qui me tient tant à coeur. Merci pour votre fidélité. Remi Huppert. |