Entretien avec Remi Huppert avec le Sundial Journal

 
 

Remi Huppert est consultant et écrivain. Le 23 février, à l’occasion de sa venue à Sciences Po Reims pour sa conférence « Why is sensitive intelligence a need for our time ? How can Art contribute to its development?», The Sundial Journal s’est entretenu avec lui.

The Sundial Journal : Quel est votre parcours universitaire et professionnel ?

Remi Huppert : Je suis diplômé d’HEC Paris et Docteur en sociologie. J’ai travaillé quinze ans -dont la moitié à l’étranger- dans l’opérationnel. Depuis vingt-cinq ans, je suis consultant et fait du conseil dans les entreprises. J’ai une société de conseil (ndrl : Rémi Huppert Conseil) et effectue des missions notamment pour l’Union Européenne dans les pays émergents, et donne en parallèle des conférences.

The Sundial Journal : Votre approche du monde de l’entreprise résulte d’une combinaison de la philosophie et du management. Pourquoi cette combinaison, et en quoi ces deux domaines convergent-ils ?

R.H: Dans le management tel qu’il est enseigné dans les grandes écoles, il y a quelque chose qui ne va pas. Il manque une réflexion sur l’être humain et son fonctionnement ainsi que l’utilisation de la philosophie, de la sociologie et de la psychologie est négligée. Je milite pour leur introduction dans les grandes écoles. Le management gagne à s’enrichir de ces trois ingrédients. La question centrale est celle de la légitimité du dirigeant. Ce qui le rend légitime, c’est le sens qu’il donne au travail de ses collaborateurs. Il faut pour cela un équilibre entre la raison et la sensibilité, le ressenti.

The Sundial Journal : Votre conférence porte sur le concept d’ « intelligence sensible » ( « sensitive intelligence »). Pouvez-vous nous en dire plus sur ce concept et comment il peut être utile à nous, étudiants ?

R.H : L’intelligence sensible est l’intelligence qui prête attention à l’analyse et au contrôle des émotions. Il s’agit d’une réflexion sur les domaines qui agissent sur la motivation des collaborateurs. Cette motivation est composée d’une part de la confiance en les collaborateurs et de la prise en compte de leurs attentes émotionnelles. En rendant les collaborateurs plus intuitifs, imaginatifs et motivés, la performance s’améliore. Selon moi, l’intelligence sensible est le deuxième pilier du management, derrière l’intelligence rationnelle. Comme disait Bergson, il faut savoir raisonner et ressentir les choses.

The Sundial Journal : Comment l’enseigner aux étudiants ?

R.H : L’enseignement de l’intelligence sensible passe selon moi par une meilleure familiarisation à la philosophie et à l’Art. L’intuition et l’émotion doivent être fertilisées par la pratique.

The Sundial Journal : Un conseil à nous donner pour réussir ?

R.H : Il faut avoir une vision précise de ses atouts, de ce que l’on porte en soi et de ce qui nous différentie des autres. Ensuite, il faut trouver le terrain d’expression qui nous plaise et nous motive. La recherche peut être longue ! Je ne suis devenu consultant qu’à quarante ans. Enfin, il faut trouver le milieu dans lequel l’on va pouvoir s’insérer. (Le cheminement n’est pas simple.)

Propos recueillis par Alessandro Tondini, Emily Perkinson et Clémence Vignal Lambret le 23/02/11